
La hernie discale est une affection relativement courante du système nerveux, représentant près de 50 % des myélopathies compressives chez les chiens et environ 4 à 5 % chez les chats. Cette pathologie, loin d’être anodine, nécessite une bonne compréhension de ses causes et de ses signes cliniques afin d’optimiser sa prise en charge.
La hernie discale résulte d’une protrusion anormale du noyau d’un disque intervertébral, entraînant une compression de la moelle épinière et des structures nerveuses environnantes.
Les disques intervertébraux sont des structures situées entre les vertèbres, composées d’un noyau pulpeux gélatineux entouré d’un anneau fibreux plus solide. Leur rôle est d’amortir les chocs et d’assurer la souplesse de la colonne vertébrale. Lorsqu’un disque dégénère, son noyau peut migrer et provoquer une irritation des racines nerveuses ainsi qu’une compression médullaire. Cette compression altère la transmission de l’influx nerveux, entraînant douleurs et troubles locomoteurs.
Les hernies discales peuvent survenir à différents niveaux de la colonne vertébrale, mais elles sont plus fréquentes dans la région thoraco-lombaire (64 % des cas). Elles sont plus rares dans la région thoracique crâniale, où un ligament supplémentaire stabilise mieux les disques intervertébraux.
Il existe trois types principaux de hernie discale, selon leur origine et leur évolution :
Hernie de type I (Hansen I) : Cette forme touche principalement les chiens de races chondrodystrophiques (prédisposées aux anomalies du cartilage). Elle résulte d’une dégénérescence chondroïde du disque intervertébral, entraînant une calcification du noyau pulpeux. Sous l’effet d’un choc ou d’un mouvement brusque, le noyau minéralisé peut se rompre brutalement et comprimer la moelle épinière, provoquant une onde de choc, un œdème, des lésions hémorragiques et une compression aiguë des structures nerveuses.
Hernie de type II (Hansen II) : Elle concerne davantage les chiens de grandes races et les chats. Elle résulte d’une dégénérescence fibrinoïde progressive du disque, associée à une déshydratation du noyau et une hypertrophie du ligament longitudinal dorsal, entraînant une compression lente et chronique de la moelle épinière.
Hernie de type III (Hansen III) : Parfois appelée ‘hernie explosive’, elle se rapproche du type I mais sans calcification du noyau. Elle survient généralement après un traumatisme majeur, entraînant une rupture soudaine du disque et une onde de choc pouvant provoquer des lésions médullaires sévères.
La hernie de type I est plus fréquente chez les races chondrodystrophiques telles que le Teckel (le plus prédisposé), le Welsh Corgi, le Shih Tzu, le Lhassa Apso, le Caniche nain et le Beagle. Elle apparaît souvent précocement, parfois dès l’âge de 3 ans, et se manifeste brutalement après un mouvement ou un saut.
La hernie de type II touche principalement les races de grands chiens, comme le Labrador et le Berger Allemand, ainsi que les chats. Son développement est plus progressif et survient généralement chez des animaux plus âgés.


La douleur est l’un des principaux symptômes de la hernie discale. Son intensité et son mode d’apparition varient selon le type de hernie :
Hernies de type I et III : douleur aiguë et soudaine, parfois accompagnée de vocalisations.
Hernie de type II : douleur plus progressive, s’intensifiant au fil du temps.
Dans les formes sévères, des troubles neurologiques apparaissent :
Faiblesse des membres postérieurs (parésie) ou paralysie complète.
Démarche raide, dos voûté, animal réticent à bouger.
Si la moelle cervicale est atteinte, les membres antérieurs peuvent être affectés.
Perte de la sensibilité à la douleur en cas de compression sévère.
Troubles urinaires et fécaux (incontinence ou rétention).
Le diagnostic repose sur des examens d’imagerie :
Radiographie : utile pour détecter des signes indirects (rétrécissement de l’espace intervertébral, calcifications), mais insuffisante pour confirmer une hernie.
Myélographie : radiographie avec produit de contraste injecté dans l’espace sous-arachnoïdien, permettant de visualiser la compression médullaire.
Scanner et IRM : examens de référence, offrant une visualisation précise du disque hernié et des atteintes médullaires. L’IRM est particulièrement indiquée pour évaluer l’état de la moelle épinière.

La prise en charge dépend de la gravité des symptômes :
Traitement médical : recommandé en l’absence de paralysie. Il repose sur le repos strict (4 à 6 semaines) et l’administration d’anti-inflammatoires. Cette approche permet parfois une récupération si la compression est modérée.
Traitement chirurgical : indiqué en cas de paralysie ou d’échec du traitement médical. L’intervention vise à décomprimer la moelle (hémilaminectomie, fenestration discale). La récupération dépend de l’étendue des lésions nerveuses.
Le pronostic varie selon la gravité des atteintes neurologiques :
En l’absence de paralysie, le traitement médical donne généralement de bons résultats.
Si la chirurgie est pratiquée rapidement après l’apparition des symptômes, le taux de récupération est élevé.
Facteur critique : la perception de la douleur profonde. Si l’animal ne réagit plus à une stimulation douloureuse pendant plus de 48 heures, la récupération est plus incertaine, même après chirurgie.
La hernie discale est une affection courante, pouvant entraîner une compression médullaire sévère et des troubles locomoteurs majeurs. Un diagnostic précoce et une prise en charge rapide (médicale ou chirurgicale) améliorent significativement le pronostic, permettant à de nombreux animaux de retrouver une mobilité normale et une bonne qualité de vie.

Article rédigé en partenariat avec Apolline Debruyne et ProVéto Junior Conseil
